Au long des siècles, les maîtres zen ont toujours utilisé le conte pour transmettre leur enseignement. Le conte zen, une histoire venue du fond des âges, de l’Inde, de la Chine, du Japon, usée à la pierre du temps qui nous aide à découvrir l’invisible dans le visible, l’absolu dans le relatif, l’éternel sous les traits de l’éphémère.
Par des chemins insolites, ces paroles nous aident à franchir « la porte sans porte », nous rendent plus accessible l’étonnante liberté, la sagesse, le mystère du zen.
En voici un exemple:
Un moine zen se disposait à parler sur la grand-place d’un village. Il avait soigneusement rédigé son discours et il s’apprêtait à le lire quand un brusque coup de vent fit s’envoler les feuilles dans les branches d’un citronnier. Pris au dépourvu, incapable de retrouver le fil de sa harangue, il dit:
– « Mes amis, voici en résumé ce que je voulais vous exposer: quand j’ai faim, je mange; quand je suis fatigué, je dors ! »
– « Mais tout le monde ne fait-il pas comme vous, Maître ? » interroge quelqu’un dans la foule.
– « Non, pas de la même façon. »
– « Pourquoi, maître ? »
– « Quand les gens mangent, ils pensent à mille choses, quand ils s’endorment, ils pensent à leurs problèmes. Voilà pourquoi ils ne font pas comme moi. »
Alors le moine descendit au milieu d’eux, recueillit les dons et à ceux qui le questionnaient encore, il répondit:
– « Quant aux détails, vous les trouverez dans les branches du citronnier. »